La Yukon Quest,
la grande course

A 50 ans passés, Nicolas ne peut se résoudre à raccrocher les raquettes…
Après la formidable préparation qu’a représentée l’Odyssée Sauvage, un « entraînement » de près de 6000 km, Nicolas et ses chiens se sont présentés le 7 février 2015 au départ de la Yukon Quest, une des plus grandes courses de chiens de traîneau au monde.

Les photosLe dossier

La Yukon Quest reproduit le trajet qu’ont suivi les chercheurs d’or, en 1897, pour rejoindre le Klondike : 1 600 km entre Whitehorse au Yukon et Fairbanks en Alaska. Cette célèbre course, connue pour être la plus difficile du monde, met l’accent sur l’endurance, le courage et les facultés d’adaptation et d’improvisation des concurrents et de leur attelage.

En effet, chaque équipage a pour obligation de transporter l’intégralité de ses provisions et de son matériel, soit 200 kg. Les mushers et leurs chiens sont soumis à des températures extrêmes, jusqu’à -60 °C, aux vents, à la neige et aux caprices du relief. Nicolas a participé à la Yukon Quest en 1996 et en 2003. 12 ans plus tard, il reprend le départ de cette course mythique, avec l’objectif, cette fois-ci, de faire partie des 10 premiers !

Trois ans d’entraînements auront été nécessaires pour amener progressivement les chiens au plus haut niveau. La préparation physique et le suivi médical des chiens sont effectués en collaboration avec Dominique Grandjean, le spécialiste mondial du chien de sport. C’est avec un attelage de 14 chiens que Nicolas a pris le départ de cette course mythique : Burka, Dark, Happy, Inuk, Kali, Kazan, Miwook, Mujik, Quest, Sidi, Unik, Olga, Wolf, Yuma… et qu’il est arrivé à Fairbanks en 9ème position !

Seul pendant la course, Nicolas retrouvait ses amis Fabien et Pierre lors de certains check points. Fabien, son ami et handler, entraîne les chiens avec et sans Nicolas depuis 3 ans. Sa mission pendant la course : le renseigner sur l’évolution de la course mais aussi lui redonner confiance quand il en manque. Cette course est aussi un peu la sienne. Compagnon d’aventure depuis toujours, Pierre « ne voulait pas rater ça » ! Sur la Yukon Quest, il était la plume qui nous a fait partager, en direct, la course de Nicolas, ses moments forts, ses incertitudes, les nouvelles des chiens, etc.

Nicolas nous raconte sa course
quelques heures après son arrivée

Bonjour à tous,
J’adresse mes plus vives félicitations empreintes du plus grand respect pour le vainqueur Brent et ceux qui se trouvent sur le podium de cette course qui fut très difficile. Un immense bravo évidemment à mes « p’tits chiens » qui ont impressionné (moi le premier !) sur les dernières étapes où ils volaient plus qu’ils ne couraient. «You are flying Nicolas » disaient les observateurs.
Effectivement, mes neufs vaillants p’tits chiens menés par Miwook (impérial) et Burka (une montagne de courage et d’opiniâtreté) ont prouvé, depuis Dawson qu’ils étaient capables de rivaliser avec les meilleurs.

Au début de la course, ceux-ci étaient stressés, dormaient mal, mangeaient mal et mon anxiété contagieuse n’a rien arrangé. Alors j’ai pris du temps à m’occuper d’eux, à tenter de les rassurer. J’ai trouvé comment bien les nourrir alors qu’eux même ont compris, peu à peu, le rythme de la course.

Nous sommes repartis en laissant 5 chiens qui ne pouvaient pas suivre. Et alors que tous les concurrents avaient encore au moins 12 chiens, souvent 14, nous avons fait notre petit bonhomme de chemin jusqu’à Dawson tout en grignotant déjà quelques places. A Dawson, j’avais 9 chiens en pleine forme et je suis reparti en ne m’épargnant rien pour aller le plus vite possible tout en gérant le « Will to go » des chiens, en restant à leur écoute pour que toujours, ils gardent la joie de courir, essentielle à mes yeux.

Et ça a payé. A 400 kilomètres de l’arrivée, je me suis rendu compte (parce qu’on me l’a dit, dont Lance Makey, puis prouvé avec des chiffres) que j’allais vite, très vite. En fait, j’avais l’attelage le plus rapide. Alors j’ai dit aux chiens « Vous savez quoi mes p’tits chiens, avec les montagnes qu’il faut gravir devant nous et la forme qui est la nôtre, nous pouvons viser un top 10, go ! » et on a foncé. Par moment, les chiens allaient si vite que je me demandais s’ils allaient pouvoir tenir mais je me souvenais de ce que mon ami Frank Turner m’a tant répété « Believe in your dogs » et sur la dernière étape, partis avec une demi heure de retard sur Dave, je l’ai dépassé et suis arrivé avec une heure d’avance sur lui à Fairbanks !

Je n’ai pas besoin de vous dire combien ces dernières heures ont été belles. On n’a pas arrêté de causer les chiens et moi. Je les ai tant et tant félicités, ils se retournaient un par un lorsque, en courant je les appelais pour leur dire mon admiration, mes remerciements de m’avoir emmené au bout de cette incroyable aventure et ils accéléraient encore, joyeux, sentant l’arrivée proche où je suis tombé en larmes dans les bras de mes deux amis, Fabien avec qui je partage ce magnifique résultat et Pierre, mon compagnon d’aventure de toujours.

Je suis maintenant qualifié pour l’Iditarod et les chiens et moi avons encore quelques pages à écrire. Rendez-vous bientôt pour de nouvelles aventures.
Merci du fond du cœur pour tous vos messages que j’ai lus un par un et qui m’ont beaucoup touché. Un immense merci à Tryba ainsi qu’à Carglass, Royal Canin, GNGL, XO Editions et Bren Tronics pour leur soutien et leur confiance.
Très amicalement,
Nicolas

A découvrir

Dans son récit, « la Grande course », Nicolas relate ces 1600 km d’aventures, à braver le froid, la nature, les dénivelés… et à constater les conséquences dramatiques du dérèglement climatique. Ce livre paru le 29 octobre 2015 aux Éditions XO, est décliné pour les plus jeunes en partenariat avec Hachette Jeunesse.

Editions XO
2015

Hachette Jeunesse
2015

 MC4 – Voyage – Seasons
2003

Découvrez le début du récit de Nicolas

Whitehorse, 7 février 2015 : le départ

Ils sont quatorze, alignés deux par deux, hystériques, méconnaissables, les yeux fous, bondissant, hurlant, grognant leur frustration de ne pas pouvoir partir. Mais il faut attendre.

C’est le départ de la Yukon Quest.

Il fait moins 40 °C et il est onze heures. Le premier des vingt-six concurrents s’élance. Il s’agit d’Allen Moore, le vainqueur des deux précédentes épreuves qui, incroyable ironie du hasard, a tiré au sort le dossard no 1.

Trois minutes plus tard, c’est au tour de Brent Sass de prendre le départ sous les vivats d’une foule très nombreuse rassemblée dans la ville de Whitehorse, capitale du Yukon, à l’extrême nord-ouest du Canada. Brent est lui aussi un favori qui a déjà fait plusieurs top five. Puis c’est au tour du troisième concurrent : un Québécois, Normand Casavant, qui a déjà fait trois top 10 en quatre participations, un bon client même s’il ne vise pas la victoire. Encore six minutes et c’est à nous.

— Du calme, les chiens.